Zao Wou-ki, à la croisée des continents
Zao Wou-ki est né le 13 février 1920 à Beijing (alors Pékin). Sa famille déménage juste après au nord de Shanghai. Il grandit dans une famille d’intellectuels Chinois, vieille de plusieurs centaines d’années, qui possède nombre d’œuvres Chinoises des siècles passés. Son grand-père l’initie à l’art de la calligraphie et ses prédispositions artistiques sont réellement encouragées par son père, qui porte en estime le métier d’artiste. En 1935 il intègre l’école National des Arts, Hangchow, où il devient même professeur en 1941. Zao se veut résolument moderne, et se nourrit de ce qu’il se fait en Europe grâce aux cartes postales que ramène son oncle et aux revues étrangères.
Paris, première expérience internationale
Il rêve cependant d’aller en Europe, et surtout à Paris, alors capitale mondiale de l’art. Face à la difficulté d’obtenir un visa il est aidé par Vadime Elisseeff, futur conservateur du musée Cernuschi qui voit un lui un grand talent. Il exposera une vingtaine des œuvres de Zao à Paris, et en 1948, l’artiste rejoint la capitale.
Zao tend alors rapidement vers l’abstraction, et devient ami avec Soulages, Hartung, Viera de Silva, est le voisin de Giacometti et côtoie de nombreux autres artistes. Si l’abstraction n’était pas ce qui prédominant à Paris alors, lui et les autres artistes de l’Ecole de Paris sont déterminés à en montrer le potentiel. Pour eux, une ligne expressive libérée de toute figuration, avec des couleurs fortes et intuitives permet d’exprimer ce que la figuration cache. Il rencontre également le poète Henri Michaux qui avait écrit un texte sur les premières lithographies de Zao Wou-ki (plus sur son entourage ->).
Des influences de plus en plus riches
La peinture de Zao est alors plus osée que jamais mais c’est à Berne en 1951 qu’elle bascule entièrement à l’abstraction. Pour la première fois il fait face à des peintures de Paul Klee, le choc est alors immense. Il voyage en 1957 à New-York où il fait la rencontre des peintres de l’expressionnisme abstrait comme Barnett Newman ou Franz Kline. Sa peinture se précise, devient moins centrée sur la ligne et le geste mais plus concentrée à la création d’une atmosphère, presque féérique, où les différents plans sont entièrement flous. Il continue de voyager dans le monde entier en compagnie de Soulages notamment pour encore deux ans.
Henri Michaux devenu ami proche convainc Zao de revenir à l’encre de Chine et en 1971 Zao délaisse temporairement la peinture à l’huile pour s’y concentrer. Il renoue ainsi avec la calligraphie et le paysage chinois traditionnel, en y mélangeant les recherches des années précédentes.
Une reconnaissance internationale
Zao Wou-ki est un peintre reconnu et reçoit de nombreuses distinctions. André Malraux lui accorde la nationalité française en 1964. Il expose dans le monde entier, beaucoup à New-York et à Paris, mais aussi à Bruxelles et en Asie. A partir de 1971 il peut revenir en Chine, et exposera plus tard à Hong-Kong, Beijing, Shanghai et Taipei. Dans les années 80 son œuvre est de plus en plus reconnu, et partout dans le monde on peut admirer de ses tableaux. En 1980 il est nommé professeur de peinture murale à l’Ecole Nationale Supérieure des arts décoratifs. Il est reçu en 2003 à l’Académie des Beaux-arts. En 2006 il est récompensé par le titre de Grand Officier de l’Ordre de la Légion d’honneur. Il s’éteint à l’âge de 93 ans, à Nyon en 2013.