Abstraction – 1958
Un pas supplémentaire vers l’abstraction
Abstraction – 1958 est une huile sur toile de Zao Wou-ki réalisée en 1958. Aux dimensions imposantes 1,30 m sur 1,62 elle est une des toiles qui illustre la position toujours plus radicale de Zao Wou-ki sur l’abstraction.
Le réel dépassé
En 1958, Zao Wou-ki décide de supprimer toute référence au réel en ne donnant, en guise de titre, que les dates de début et d’achèvement du tableau. Abstraction – 1958 est un des exemples de ce passage.
Le tableau garde en son centre une grande tension, orchestrée par des couleurs qui se répondent. Le fond sombre, est, vers le centre, teinté de rouge, avant de se mélanger au blanc et de surgir aux yeux du spectateur. Le blanc encadre le rouge : en haut à gauche du tableau et en bas à droite. Il permet également de faire ressortir des traits noirs, qui viennent lacérer la couleur. Le chao règne. Les bords plus lisses, sur la partie basse et haute du tableau, concentrent le regard sur le centre et l’enferment.
Le blanc apparait comme la seule solution du regard, et là les barres noires viennent briser la vision. Tout se mélange, en donnant l’impression d’un ensemble hétérogène qui se combat de l’intérieur sans arriver à se sortir.
Ma peinture devient illisible. Natures mortes et fleurs n’existent plus. Je tends vers une écriture imaginaire, indéchiffrable.
Il n’y a plus d’élément réel auquel on pourrait se raccrocher. Pas d’éléments qui pourraient permettre une interprétation rationnelle, quelque chose venant expliquer des sentiments face à l’œuvre exprimée. Le spectateur reste seul face au tableau, et uniquement une interprétation lyrique, c’est-à-dire uniquement basée directement sur ses ressentis et ses émotions, peut lui permettre d’appréhender l’œuvre.